A l'instar de la Ford Capri, la Taunus incarne l'Américaine de la vieille Europe. Suffisamment large pour évoquer les grands espaces sons les exiger, suffisamment puissante pour avoir l'intime conviction de l'exploiter, la Taunus est taillée pour le succès populaire et les routes de la France des années 70...
Avec ses 12M et 15M, on ne peut pas dire que Ford fasse dans la dentelle. Mais cela fait partie de l'image de marque de ses voitures solides voire rustiques, serviables mais pas vraiment foudroyantes. Malgré tout, cette génération de Ford fait appel à la traction avant, ce qui n'est pas le cas de tous les modèles, puisque Ford Angleterre et Ford Allemagne fonctionnent avec des gammes distinctes... Afin d'accorder les violons lorsque la série M vient à disparaître, Ford Allemagne se remet donc … à la propulsion!

C'est dans les vieux pots...
La nouvelle venue, présentée en septembre 70, offre une esthétique plus joviale que les "M'. Et comme à son habitude, Ford débarque avec une gamme complète berline, coach, coupé et break, tout cela dans la catégorie petite et moyenne cylindrée - du 1,3L au 2L d'abord, puis jusqu'au V6 2,3L - et avec des niveaux de finition différents (L, XL, GI, GXL...). Comme pour tout constructeur généraliste en somme... Mais l'attrait de la nouveauté ne se limite pas à la seule esthétique. Sous le capot des 1300 et 1600, il y a également un nouveau moteur, un 4 cylindres en ligne avec - une vraie révolution - un arbre à cames en tête! Une mécanique pareille, ça vous change forcément la vie, après le poitrinaire V4 des années précédentes... Pour le reste, rassurez-vous, on ne tente pas le diable. La Taunus est une propulsion de la meilleure espèce: celle des ponts rigides qui permettent de pimenter la vie au volant! S'adressant au bon peuple, elle n'est pas censée rassembler des caractéristiques de haut vol. Vous-vous contenterez bien d'un train avant vaguement triangulé et de tambours à l'arrière, le plaisir est ailleurs...
Par la force des choses notre coupé GXL est de la première génération, celle des capots torturés et des calandres à "effet ondulatoire", plus typée que les derniers modèles à calandre et capot plats. Sans être d'une agressivité tonitruante, l'engin a de la gueule. Le mélange des optiques rectangulaires et rondes est coquin et d'une manière générale, la Taunus est assez massive. Pourtant, la ligne ne pêche pas par excès et on reconnaît là le sens de la mesure qui a également présidé au style de la Capri. Le coupé Taunus n'est donc pas dénué d'élégance, d'une part parce qu'il est suffisamment long - 4,28 m, soit la même valeur que pour la berline - pour offrir un zeste de finesse à l'ensemble, et d'autre part grâce à son arrière fastback. La custode avec sa forme de vitre particulière reste en effet ce qui caractérise le plus le coupé... sans parler de la fameuse bande noir mat entre les feux et de son toit noir! Franc et bien trempé, c'est tout Taunus!

Taunus... tonique?
Ne soyons pas timide, la bête est docile, Prenons place. Surprise, on a l'impression d'être assis trop... haut. Il faut presque baisser la tête pour consulter les cadrans. Les cadrans? C'est le moment d'évoquer l'atmosphère idéalement seventies de la planche de bord : l'auto étant équipée du moteur 1600 GT, nous disposons ici du tableau de bord le plus complet, avec compte-tours et quatre petits manos en bas de la console centrale qui nous renseignent sur la charge, le carburant, la pression d'huile et la température d'eau. Une vraie sportive, la Taunus! Le reste de l'habitacle et des accessoires est gentil à défaut d'être jovial: la sellerie est agréable, le volant un peu "nanard" mais de dimension adéquate, la disposition des commandes satisfaisante et la banquette arrière très accueillante...
Contact. Avec 88 ch DIN, le 1600 GT n'a pas un rendement au litre exceptionnel, mais en 1972 c'était déjà pas mal et suffisant en soi pour apporter quelques sensations. Le régime de puissance se situant relativement haut - 5 700 tr/mn - on s'attend à un moteur vivant. A dire vrai, ce n'est pas exactement le cas. Bien élevé, le 4 cylindres Ford vous propulse dans une poussée raisonnable de promenade améliorée. Il est en cela aidé par une boîte de vitesses au maniement remarquable. Douce et assez précise, elle marque le point fort de l'auto, au même titre que la direction. Les débattements ne sont pas trop importants, le levier bien placé... bravo. On s'amuse alors exprès avec lui, histoire de se croire dans un remake européen de Point Limite Zéro. Ça tombe bien, vu le couple plutôt haut perché du 'pony"... En fait, c'est ça une Taunus. On se fait croire gentiment que l'on est dans un coupé sport tout en sachant très bien que l'on n'ira pas taquiner Dan Gurney sur une manche du championnat américain, ni bouleverser la donne des coupés européens réellement performants. Mais qu'importe, le propos, vous l'aviez deviné, n'est pas là. Le tout est de profiter à bon compte d'une ligne joliment réussie, d'une habitabilité fort acceptable dans un confort qui l'est tout autant. Le moteur étant très discret, la vie à bord est paisible... sauf lorsqu'on s'oublie. On se heurte alors aux vraies limites de la Taunus avec un comportement routier plutôt imprécis, des freins moyens, on retrouve là la tradition américaine de la propulsion à la motricité aléatoire et l'arrière sautillant. En somme, ça vous passe vite devant ce type de machine,.. Sympathique, certes, mais pas très rigoureux!

Disco star
On dit ça, mais on l'aime bien cette Taunus, Aussi produite qu'un Royal Cheese de chez McDo, elle fait partie du paysage tout en ayant réussi à proposer une image bien à elle, celle de la "petite américaine". Un argument qui veut tout dire, du style de conduite au style tout court, sans parler de cette vision hautement standardisée qui fait que les Taunus ont longtemps prolongé des solutIons techniques passablement démodées. Ça fait partie du charme.., Avec elle, on revit la voiture populaire améliorée, celle du cousin célibataire avec les pattes jusqu'au menton, ou celle encore vaguement 'frime" que l'on retrouvait à la fin des années 70 sur les parkings de boite de nuit! A bien y réfléchir, la voiture a désormais dépassé cette image et est devenue un sympathique coupé à collectionner...

Commentaires des photos de l'article
En version coupé, la Taunus "fastback" ressemble à un muscle.car à échelle réduite pour le marché européen. Notez les "roulettes" de 13 pouces...
Propulsion et pont rigide mais confort et dimensions respectables, c'est tout l'esprit Ford des années 70 !
Rustique, le 4 cylindres? Détrompez-vous, il bénéficie d'un arbre à cames en tête !
Ci-contre, l'instrumentation s'avère complète et typée "sport". Un peu kitsch le volant deux branches, non ?
Large nervure de capot et calandre (4 phares) ondulante la Taunus a de la "gueule", d'autant que le chrome est alors encore à la mode...
Toit vinyle et bandeau noir mat entre les petits feux verticaux, deux "gimmicks" typiques de l'époque. Malgré son côté massif, notez le classicisme des lignes et la finesse de certains accessoires...

ACHETER UNE Taunus1600 GXL
Le plus difficile sera de trouver un exemplaire sain et d origine.., avec le bon moteur. En effet, si quelques modèles peuvent être parfois dénichés à la lecture des petites annonces de la presse spécialisée, ces derniers bénéficient souvent d'une mécanique de Ford Granada... quand lis ne sont pas entièrement customisés ! Cherchez donc plutôt du côté des propriétaires (plus tout jeunes !) qui ont préservé amoureusement leur auto et qui la cèdent au bout de quinze ans de bons et loyaux services. Quant à vouloir en restaurer une, les pièces étant toujours trop chères pour ces modèles dont la valeur n'excède pas 10 000 F... Enfin, pour partager votre passion, n'hésitez pas à contacter les clubs Amicale Original Ford et Club Obsolète Ford France.

Moteur 4 cyl. En ligne, longitudinal, tout fonte, 1593 cm3 (87,65x66mm), 88 ch DIN à 5700 tr/mn, 12,7 mkg à 4000 tr/mn, rapport volumétrique 9,2 à 1, soupapes en tête en V, un arbre à cames en tête, vilebrequin 5 paliers, un carburateur Weber double-corps inversé – Transmission aux roues AR, boîte 4 rapports (auto s.d.) – Suspensions AV levier supérieur triangulé, levier inférieur simple, tirant de chasse, barre stabilisatrice, combinés ressorts/amortisseur, AR pont rigide, bras longitudinaux inférieurs, bras obliques supérieurs, amortisseurs télescopiques et ressorts hélicoïdaux, freins assistés, disques AV, tambours AR Direction à crémaillère Structure/Carrosserie coque autoporteuse acier, coupé 2 portes 4/5 places Dimensions long 4.28m, larg 1.70m, haut 1.34, empat 2.58m, voies AV/AR 1.42m Poids 1010 kg Pneumatiques 175x13 Performances vitesse maxi 163 km/h, 0 à 100 en 13.9 sec Cote (+) 9000F.

SUPER: Douceur de fonctionnement, Confort, Boîte, Ligne typée 70's, Prix
QUOIQUE: Manque de tempérament, Freins légers, Image, Comportement « à la limite »